La crise des migrants, on le sait, n'a ni début ni fin. De tous temps, des hommes et des femmes ont fui leurs pays. Migrants peut juste rimer avec dignité humaine. C'est ce que racontent, au coin du feu réconfortant, les personnages du film Déplacer les montagnes, de Isabelle Mahenc et Laetitia Cuvelier, film tourné en 2019. Pour certains de nos concitoyens, vivant dans les vallées frontalières des Alpes, migrants rime avec accueillir, réchauffer les pieds, et servir un thé bouillant. Ces ombres épuisées ont affronté les sommets, et manqué se "noyer dans la neige". L'histoire est simple : à quelques encablures de Briançon, des hommes et des femmes du coin secourent, lors de maraudes, les clandestins venus du continent africain. Ces derniers, en 2019, évitent les postes frontières où la militarisation s’est renforcée, en prenant des risques par les cols les plus difficiles. Isabelle Mahenc et Laetitia Cuvelier, qui vivent alors dans cette région, choisissent de poser leur caméra dans les cuisines, dans les foyers d'accueil, au plus près des familles et des personnes ayant traversé les montagnes. Si ce film pourrait sembler déjà ancien à certains, il nous est apparu essentiel, parce que revenant aux gestes essentiels de l'accueil. Réchauffer,. Ecouter. Prendre soin. La force du collectif s'y dessine aussi, collectif qui permet de se tenir solidaires dans l'adversité. Le film regorge de belles phrases, attrapées au vol par les deux co-réalisatrices. Ce jeune soudanais : "je suis passé par plusieurs hasards". Un autre Guinéen : "avant j’avais une vie simple mais sucrée ». Ou encore : "en exil, les amis deviennent ta famille ». Simple. Versant bénévoles, on entendra : « On ne savait pas qu’on était capables de tout ça » , ou « Tu lis l’espoir dans leurs yeux « , ou encore, au Café des chebabs : "Un mot d’arabe, une fleur, un chocolat, c’est pas compliqué de les accueillir dignement" … Pour commencer l’année 2025, un film aussi poétique que politique, et qui résonne avec une actualité si souvent liée aux migrants. Un des points cruciaux en ce début d'année est le statut des réfugiés syriens, depuis le changement de situation dans leur pays. Ce point épineux et d'autres ne doivent pas nous faire oublier le travail de milliers de bénévoles en amont, afin d'alléger les souffrances de ces gens en exil.
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