Nouvelles tristes de Gaza, par le réalisateur Iyad Alasttal
Lors du dernier festival de Douarnenez, nous avons assisté à la projection des films de Iyad Allastal, réalisateur gazaoui, exilé en France avec sa famille depuis quelques mois. Nous sommes en discussion avec lui pour mettre quelques-uns de ses films de la série Gaza stories en lligne sur BED. Une façon de rendre hommage à tous ceux qui filment et se battent pour une Palestine de la jeunesse, de la culture : Iyad filme de jeunes ballerines, des musiciens, des slameurs, des jeunes passionnés de skate, des petites filles qui rêvent tous les jours ...
Mais parfois la colère déborde. C'est dans le texte ci-dessous, alors que Iyad découvre sa maison familiale entièrement dévastée. A lire en pensant à ce que le mot solidarité devrait signifier ?
Merci à Jeanne Gaggini, passeuse, et au Festival de Douarnenez pour continuer à programmer sur la Palestine.
Depuis bientôt un an, le 3 décembre 2023 l'armée israélienne a donné ordre d'évacuation de ma ville Khan Younès, c'est là-bas où je suis né et grandis.
Avant de quitter la Bande de Gaza le 13 février 2024, j'ai vécu le déchirement du déplacement forcé dans le sud de la Bande de Gaza, entre la ville de Rafah chez des amis et la zone humanitaire Al-Mawassi à l'ouest de de Khan Younès où je suis resté avec ma famille…
J'ai pu quitter Gaza pour venir en France pour rejoindre ma femme et mes trois filles, en laissant derrière moi sous les tentes et dans des conditions de misère, ma mère, mes frères, mes sœurs et leurs enfants.
Il y a 3 semaines l'armée israélienne renvoie de nouveau un ordre d'évacuation, ma famille est épuisée de déplacement et de vivre de nouveau sous les tentes dans des conditions dégradées, mais il n'y avait plus de choix que de partir et d'accepter l'ordre israélien.
En approchant de la maison, mes frères découvrent le choc, une maison -la notre- n'est plus vivable.
C'est la maison, où vivent 20 nouveaux et nièces, où ma soeur, mes frères et moi avons fondé des petites familles, là où nous avons fait l'adieu de mon père en 2021, là où ma mère a consacré toute sa vie pour nous faire grandir et a pris soin de nous… J'ai la nostalgie du café de ma mère.
Une maison, n'est pas que de pierres, car c'est là-bas nous avons vécus notre enfance précaire et là-bas nous avons pu surmonter tous les défis pour franchir l'avenir.