Soazig Daniellou

Au bonheur du breton !

« Dès que je me lève le matin, j’aime bien regarder autour de moi. Et si je peux raconter ce que je vois en breton, c’est encore mieux ! »
Soazig Daniellou n’est pas seulement déterminée à faire des films en breton, pas non plus juste une militante. Elle parle aussi intuitions et plaisirs de films. Oui, c’est plus autour du sensible et du bonheur d’entendre résonner cette langue bretonne qu’il faudrait chercher. On la trouve aujourd’hui aux côtés des jeunes. Ceux de Diwan, avec Brezhoneg ’leizh o fenn (1999), et plus tard O seizh posubl (2009), ou avec cette belle équipe réunie pour le pari d’une fiction longue tout en breton, Lann Vraz (2013).

Soazig Daniellou ne s’est pas levée un matin en décidant de monter à l’abordage de la production audiovisuelle bretonne. Non ! Soazig n’a pas l’âme d’un corsaire, se dit plutôt contemplative et… cinéphile. Mais force est de constater que, film après film, elle a su constituer une belle flottille de films tournés en breton.
« Je n’ai pas d’ambition journalistique, cela ne ressemble pas à ma manière d’observer le monde. Mais je m’intéresse à l’archive, aux façons de donner à lire une histoire, aux lectures que l’on peut faire de l’Histoire. Et j’aime décidément énormément ce métier. Je suis tombée dans la marmite depuis mes 14 ans, un âge où je regardais déjà énormément de films, et je crois qu’il en est de même pour mes filles aujourd’hui. Maï Lincoln réalise et Anna Lincoln produit, au sein de Kalanna. »

Avec enthousiasme, tentant de rassembler ses idées, Soazig esquisse trois courants.
Les films autour de Diwan, qui remontent à l’époque de la création de Kalanna avec les complices Roland Michon et Hervé Morzadec.
« J’ai tout de suite pensé qu’il était important de suivre les pas de cette première génération de lycéens. Première couvée ! J’ai besoin d’être en empathie avec mes personnages, l’acte de filmer a un peu à voir pour moi avec le geste amoureux. Auparavant, j’ai fait mes armes au sein de la télévision, avec Fañch Broudic, à qui je faisais beaucoup de propositions de programmes pour les plus jeunes, des portraits d’enfants par exemple. J’ai appris à réaliser dans ce creuset. »

Autre volet, les films qui permettent d’arpenter des pans de l’histoire bretonne, à l’instar de Per-Jakez Hélias (2002) ou Roparz Hemon (2000)…
Et enfin, les films où la langue bretonne ne serait qu’un prétexte pour découvrir de nouveaux paysages. Pour insuffler de la fiction dans le réel. Pour montrer que la langue est un vecteur d’échanges. Parmi ces derniers, Paganiz (2006) ou Prad don (2008).

Et puis, avec Lann Vraz en 2013, ce pari de la fiction-tout-en-breton, du cousu main pourrait-on dire, avec une équipe qui a pu travailler dans cette langue du matin au soir, toutes compétences confondues.
« Une réelle complicité, que j’aimerais retrouver sur d’autres tournages. »

« Je crois que je suis quelqu’un qui aime regarder, raconter ou lire des histoires, parler ou écouter le breton. Dans cet ordre-là plutôt, bien que ce soit un peu artificiel, je trouve, de hiérarchiser les choses. Ce qui est compliqué quand on parle de réalisateurs en breton, c’est qu’on a l’impression qu’une identité doit être forcément plus forte qu’une autre, qu’on est d’abord bretonnant, ou d’abord militant, ou d’abord femme, ou d’abord cinéphile… Alors qu’en fait, ce sont des choses qui n’ont rien à voir les unes avec les autres et qui coexistent dans un individu. Je ne fais pas de film parce que je suis bretonnante, je fais des films parce que j’aime cela. J’aime le cinéma et, par ailleurs, j’aime aussi le breton et je suis militante pour défendre cette langue. Je suis aussi une femme et bien d’autres choses encore. Quand je fais un film, heureusement, je ne pense qu’au film à faire, le mieux possible. C’est déjà assez compliqué. »

L’aventure de Lann Vraz sur le blog Langue bretonne :
http://languebretonne.canalblog.com/archives/2013/05/02/27062963.html
Le site de Kalanna, pour tous les autres films :
http://lannvraz.kalanna.com

FILMOGRAPHIE

  • 2015 : Ar Gwim, une histoire de familles - Documentaire de 52 minutes
  • 2013 : Lann Vraz - Fiction de 98 minutes
  • 2011 : Distro Gwenn / Le retour de Gwenn – Fiction de 26 minutes
  • 2011 : La minute et demie de Charlez ar Gall – Documentaire de 26 minutes
  • 2009 : Los Furlukinos - Documentaire de 26 minutes
  • 2008 : O seizh posupl / Tous leurs possibles – Documentaire de 52 minutes
  • 2007 : Prad don / Le pré d Anicet - Documentaire de 52 minutes
  • 2005 : Paganiz / Pêcheurs de goémon - Documentaire de 52 minutes
  • 2002 : Per-Jakez Helias - Documentaire de 52 minutes
  • 2000 : Roparz Hemon - Documentaire de 78 minutes
  • 1998 : Du breton dans la tête - Documentaire de 52 minutes