Ronan Hirrien
Ronan Hirrien est d’abord un amoureux des langues et de leurs musiques.
Le breton, langue de ses grands-parents léonards, avec qui il a voulu, dit-il, « faire communauté ». L’espagnol, qu’il découvre au lycée, alors qu’il rêve de voyager en Amérique latine. En tendant un peu plus l’oreille, il apprendra le portugais et le galicien. Et, dans le cousinage du breton, le gallois. Et la bombarde.
Tout est affaire d’oreille, et de relation au monde.
Et aujourd’hui, affaire de regard, de caméra !
Une caméra pour observer le monde, pour tenter de dénouer les fils, pour essayer de comprendre, pour faire communauté. Et une caméra en breton, parce que, à l’issue d’études de langues à la fac, c’est Fañch Broudic, responsable des émissions en breton pour France 3, qui accepte de l’intégrer à ses équipes. Avant Soazig Daniellou, qui l’accueillera aussi au sein de Kalanna, pour l’assister sur un film dédié à Per-Jakez Hélias.
Suivront des formations et de multiples stages en audiovisuel. Et en 2005, un premier film sur l’apprentissage : Le Breton en six mois, plongée au sein de l’organisme de formation Stumdi.
« Je voulais renouer avec la musique de la première langue de ma mère et des mes grands-parents, c’était lié à un territoire, le Haut-Léon, à la famille… D’ailleurs, c’est au cours des noces d’or d’une tante de ma mère, à Tréflaouénan, que j’entends pour la première fois de la cornemuse. C’est décidé, je jouerai… de la bombarde ! C’est décidé aussi, je veux faire du breton en quatrième, mais mes parents m’en dissuadent. Je veux faire du breton en fin de troisième, mais la professeur principale de ma classe en dissuade mes parents. Je veux toujours faire du breton en fin de seconde, mais le proviseur m’en dissuade. C’est en terminale que je peux enfin renouer avec cette langue, en cours du soir (auxquels me conduit ma mère), et je ne vais plus la lâcher ! »
Opiniâtre, le garçon.
« Les langues, par leurs mots, par leurs intonations, transportent les histoires des gens. Même si aujourd’hui on peut avoir l’impression d’être dans une sorte d’errance – mondialisation oblige –, on peut toujours trouver des cohérences, des filiations, mesurer la distance qui nous sépare les uns des autres, et s’en émerveiller. Et finalement, faire société ensemble. C’est l’histoire de cette quête, de ces quêtes, que je veux filmer. Quête des origines ? »
De Pontivy à Zanzibar, dans Safar eus Pondi da Zanzibar, en 2012. De la Bretagne à la Finlande, pour renouer avec une mémoire chantée, dans Pa guzh an heol, en 2013. Mais loin, bien loin de la nostalgie, qui n’est définitivement pas son moteur !
« Je ne refuse pas d’introduire ces cheminements personnels dans mes films, au contraire, ce sont même eux qui orientent le scénario ou la narration. Anthropologie participative ? Je me souviens d'avoir réagi devant un film de Stéphane Breton, qui montrait deux paysans d’Asie centrale se débattant avec leur vache malade, qu’ils remettent sans cesse sur pied et qui s’effondre chaque fois ! Il y a bien longtemps que j’aurais posé ma caméra pour aller secourir ces deux vieux, et les aider avec leur vache. »
Ronan part d’un grand éclat de rire, il est tout entier dans cette anecdote, tout entier à l’écoute des siens. Et de ceux qu’il va croiser sur sa route. À des milliers de kilomètres ou chez le paysan voisin, à mille lieues du repli communautaire que d’autres, insidieusement, brandissent comme une menace dès que l’on parle de construction identitaire.
« Je me retrouve bien dans la Philosophie de la relation d’Édouard Glissant, l’écrivain et philosophe martiniquais. Je crois que, par mes documentaires, j’essaie de ressentir un vertige spatio-temporel ! Tenir le monde, chercher sa cohérence. Saisir le temps. »
Finalement, les chemins creux léonards peuvent vous entraîner loin…
Pour passer un moment à Zanzibar en musique, comme dans Safar eus Pondi da Zanzibar :
http://www.zanzibarmusic.org/
Pour découvrir la gavotte de Calanhel, comme dans Maout ha n’eo ket kog :
http://calanhel.canalblog.com
Enfin, pour comprendre le projet Eost, de sauvegarde d’un patrimoine chanté entre Bretagne, Écosse, Estonie et Finlande, découvert dans Pa guzh an heol : http://eost.eu
Un site très complet, pour visionner en ligne quantité de vidéos avec Édouard Glissant :
http://www.edouardglissant.fr/video2.html
Qui contacter pour trouver les films en DVD, pour les programmer ?
Le Breton en six mois et Safar eus Pondi da Zanzibar : http://www.kalanna.com/fr
Pa guzh an heol (JPL Films) : http://jplfilms.com/
Un livre, pour retrouver la philosophie de la relation :
Filmographie
« Paotred al loc’h » 2015
« Haiku, en un tenn-alan ar bed » 2015
« Le Breton en 6 mois », documentaire de 52’ (sur l’apprentissage du breton par les
adultes), réalisateur et caméraman, coproduit par Kalanna et France 3 Ouest, diffusé en
octobre 2005 sur France 3 Bretagne
« Lannoù Telo », documentaire de 26’ en breton, gallois et anglais (sur quinze siècles
d’histoire religieuse entre Bretagne et Pays de Galles) pour les émissions en langue
bretonne de France 3 Bretagne, réalisateur, diffusé sur France 3 Bretagne le 8 février 2009
« Safar eus Pondi da Zanzibar », documentaire musical de 52’ (sur une rencontre autour
de la bombarde entre Pontivy et Zanzibar), réalisateur et caméraman, coproduit par Kalanna
et France Télévisions, diffusé le 3 juin 2012 sur France 3 Bretagne
« Maout ha n’eo ket kog », documentaire de 26’ (sur la « dañs a-dro » ou « gavotte » de la
région de Calanhel), réalisateur, diffusé le 14 octobre 2012 sur France 3 Bretagne
« dre chañs ha dre c’hoant », documentaire de 26’ (sur la première école publique
devenue bilingue français-breton), réalisateur, diffusé le 9 décembre 2012 sur France 3
Bretagne
« Pa guzh an heol », documentaire de 52’ (sur la transmission de beaux anciens longs
poèmes chantés en Bretagne et en Finlande), réalisateur et caméraman, coproduit par JPL
Films et France Télévisions, diffusé le 15 décembre 2013 sur France 3 Bretagne
« Hañvezh 44, va dever koun » (Eté 1944, la Libération en Bretagne.) documentaire de 26′, 2014 France 3 Bretagne
« 50 vloaz », istor ar skinwel e brezhoneg (50 ans de programmes télévisés en breton.), documentaire de 52′, 2014 France 3 Bretagne
« Paotred al loc’h » (Yann-Pier et Fulub, « les gars du Loc’h », s’aiment depuis 25 ans. Ils se marient.), documentaire de 26′, 2015 France 3 Bretagne
« Haiku, en un tenn-alan, ar bed » (sur des haikistes racontent ce qu’est pour eux le haïku, ce court poème de l’instant, et ce que sa pratique leur apporte). Documentaire de 26’, France 3 Bretagne
« N’eo ket echu ar fest ganimp », (sur Hyacinthe Guégan, sonneur de clarinette en centre Bretagne, né en 1924 et décédé en août 2016). Documentaire de 26’, 2016. France 3 Bretagne
« Yoann an Nedeleg, sorc’henn ar pib-ilin » (Yoann an Nedeleg avait 13 ans lorsqu’il a entendu le son de la cornemuse irlandaise pour la première fois sur l’album de Davy Spillane Pipedreams : c’est alors qu’il décide de jouer de cet instrument). Documentaire de 52’, 2017. France 3 Bretagne
« Yann-Fañch Kemener, tremen en ur ganañ », (Yann-Fañch Kemener a consacré sa vie au chant populaire en breton. Il est l'une des voix les plus connues de Bretagne. Au soir de sa vie, après 45 ans de scène, il nous raconte son parcours pionnier et exceptionnel.) Documentaire de 52’, 2019. France 3 Bretagne
« Aneirin Karadog, barzh e douar ar varzhed » (Aneirin Karadog est un des poètes gallois contemporains les plus connus. En 2016, il a gagné le plus grand honneur que puisse gagner un poète gallois : une chaise remise pour un poème lors de l’Eisteddfod national, la fête du gallois. Dans notre documentaire, Aneirin Karadog nous raconte la grande aventure poétique galloise et, dans la langue de sa mère, le breton, il enquête sur ses correspondances en Bretagne.) Documentaire de 52’, 2019. France 3 Bretagne