Maher Abi Samra
Un témoin libanais
Ce cinéaste libanais a su nous toucher à de nombreuses reprises. Étonnement avec Femmes du Hezbollah, en 2001, qui nous oblige à regarder ce parti avec d’autres yeux que ceux des médias. Empathie avec Rond-point Chatila, tourné en 2004, où Maher sait nous « clouer » au cœur du camp de réfugiés palestiniens au Liban.
Sidération avec Juste une odeur, en 2006, son film le plus personnel, qui nous va droit au cœur. Réflexion avec Nous étions communistes, un film ciselé, écrit au scalpel, en 2010, un film qui ne fait pas de cadeaux. Mais qui est un cadeau à lui tout seul.
Maher est ainsi, imprévisible, sensible, entier, politique, comme il le dit lui-même. Laissons-lui la parole ! Et la caméra !
« Avant le cinéma, il y avait la politique, mon entrée au Parti communiste, mon engagement dans la résistance contre Israël. Mais face à l’échec du Parti communiste et au triomphe du communautarisme au Liban, j’ai cherché une autre forme d’engagement, par l’image.
J’ai commencé par être photographe-journaliste pour la presse arabe et internationale, mais très vite j’en ai eu marre des images de guerre, de corps morts, d’immeubles détruits, qu’on me demandait de faire ; de cette logique de reportage qui recherche le spectaculaire, le voyeurisme, une objectivité à laquelle je ne crois pas, sans jamais aller plus loin.
J’ai donc cessé d’être photographe, j’ai quitté le pays et le Parti communiste, pour apprendre le cinéma.
Le cinéma documentaire m’est apparu comme la meilleure manière, pour moi, d’exprimer la complexité et les contradictions de la réalité, d’assumer mon point de vue, mon regard subjectif, mon engagement. Mon cinéma est politique.
Mais je ne peux filmer que si j’ai de la distance par rapport à l’événement.
Il m’est donc impossible de réaliser un film sur l’actualité, sur la guerre en Syrie qui se déroule en ce moment, par exemple, ou sur les révolutions arabes. Je me sens trop dedans, trop confus, je manque de la distance nécessaire pour m’investir dans un film.
La seule exception pour moi a été Juste une odeur, que j’ai tourné pendant la guerre d’Israël contre le Liban en 2006. J’ai tourné ce film dans un sentiment d’urgence, ce qui ne m’était jamais arrivé jusque-là. J’avais l’impression de revivre l’invasion israélienne de 1982, qui a atteint Beyrouth, et j’ai tourné ce film comme pour créer les archives d’un événement que j’avais déjà vécu. J’avais besoin de faire quelque chose de cette colère en moi, de mon désespoir face à l’occupation, à l’histoire qui se répète, de mon impuissance face au sud du pays détruit par les frappes israéliennes. Face à toutes les images de reportages qui nous entouraient à ce moment-là, face à la recrudescence des journalistes du monde entier venus couvrir cette guerre, j’ai senti le besoin de m’engager.
J’étais trop vieux pour prendre les armes, alors j’ai pris ma caméra !
Ce film est très personnel. »
L’agence Al Raed fait venir des femmes d’Afrique et d’Asie pour travailler dans les familles libanaises et aide ses clients à choisir sur catalogue celle qui répondra au mieux à leurs besoins.
Été 2006, le guerre israélienne sur le Liban. Les survivants retirent les corps des morts des décombres... La caméra du réalisateur, implacable, nous dit juste l'odeur de la mort.
Des militants de gauche, marxistes ou nationalistes arabes, avaient aspiré pendant la guerre civile libanaise à créer une société non confessionnelle, démocratique, égalitaire, et solidaire de la résistance palestinienne. Aujourd'hui, (...)
Chatila : le lieu évoque les massacres et les morts. Ce film s’intéresse à ceux qui y vivent. Fragments de vie saisis dans un espace délimité : les 150 mètres de la rue principale du camp...