Baudouin Koenig
Solidarité, images et actes
Baudouin Koenig a au moins une obsession, les frontières, et celles érigées par les hommes en particulier. Par les hommes, et souvent par leur bêtise, en tout cas par le jeu des plus puissants. Un de ses films emblématiques, Du golfe au Kurdistan, des hommes abandonnés de Dieu, en montre bien les enjeux, dramatiques pour certains.
Mais Baudouin aime à arpenter les paysages humains, comme il aime aussi à former, à mener des actions collectives au sein d’Alterdoc, à donner la parole aux exclus. Tranquillement, sereinement, sûrement.
Autoportrait, par Baudouin Koenig
Au fond du jardin de mes parents coulait la Rosselle, un affluent de la Sarre large tout au plus de 3 ou 4 mètres. Nous sommes dans la Moselle. L’eau était noire, noire au sens propre. Elle ne servait ni à étancher la soif, ni à irriguer une quelconque végétation. Elle servait à laver le charbon qui faisait la richesse de la Lorraine, et servait encore la puissance de la France en ce début des années 1960. Elle nous séparait aussi des sales Boches, comme nous appelions ceux d’en face, même si hors des salles de classe nous parlions le même dialecte germanique qu’eux, même si nos grands-parents avaient changé quatre fois de nationalité au cours de leur vie. Parfois nous leur refaisions la guerre avec arcs et lance-pierres…
Notre ville – ce serait plus juste de dire « cité minière » – s’appelait Petite-Rosselle, et la leur, Gross-Rosseln, c’est-à-dire Grande-Rosselle, et il y a eu un temps où ce n’était qu’un seul et même bourg. Je sais que l’extraction du charbon prendra définitivement fin en Lorraine dans un an, mais qu’elle continuera encore de l’autre côté de la Rosselle.
Je n’y suis pas retourné depuis de nombreuses années, mais je suis persuadé que ma fascination pour les frontières n’est pas étrangère à mon histoire.
Je me suis rendu compte que tous mes films et projets sont imprégnés par cette histoire de frontière qui a accompagné mon enfance.
Mes combats
Toujours le Kurdistan, où je tourne des images, et surtout où je forme de jeunes réalisateurs, dans le cadre du projet DoKu et du collectif Alterdoc, que j’ai contribué à fonder. Un objectif simple : donner la parole aux exclus de cette planète. Et particulièrement au Proche-Orient, où je vais depuis 1982. Aujourd’hui, je persiste dans ce programme, avec des réalisateurs irakiens, quelles que soient leur origine et leur confession. Un projet lourd, plein d’embûches, mais auquel nous ne renonçons pas.
Parmi mes dernières actions, une exposition sur les réfugiés kurdes accueillis en France à l’initiative de Danielle Mitterrand, et un film pour les Thema d’Arte en 2012.
Par contre je m’intéresse de plus en plus à ce qui se passe à proximité et je réfléchis à comment mettre mon métier de documentariste au service d’un engagement citoyen.
Actuellement, je m’intéresse au manifeste Roosevelt (http://www.roosevelt2012.fr/) en repensant à l’engagement des photojournalistes américains des années 1930 dans le projet documentaire de la Farm Security Administration. Est-ce que ce ne serait pas opportun de réunir des cinéastes autour d’un projet du même genre ?
Et mes rêves de film ?
Le film que j’aimerais voir naître (dont je veux accompagner l’écriture et la production) est une libre adaptation du Désert des Tartares par un jeune cinéaste kurde iranien, Soran Qurbani. Le film racontera l’exil d’un groupe de peshmergas du PDKI (Parti démocratique du Kurdistan d’Iran) dont le leader historique a été assassiné par les services secrets de Khomeini en 1989.
Réfugiés au Kurdistan d’Irak, dans une forteresse de béton située au pied de la montagne, ils s’entraînent et rêvent de renverser le régime des mollahs.
L’eau est au cœur de toutes les tensions. Au miroir des guerres d’hier, Iran-Irak, guerre du Golfe, se dessine le conflit pour le partage des eaux des fleuves mythiques de la Mésopotamie.
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