01 janvier 2019

les airs sauvages, en vallée de Soule

Après le premier film de Elsa Oliarj-Inès, Dans leur jeunesse il y a du passé, et qui posait les questions essentielles de vivre et travailler au pays, ou de s'éloigner pour aller plus loin, Elsa nous propose un magnifique questionnement sur la transmission et l'évolution des airs traditionnels de sa vallée de la Soule, Les airs sauvages, Basahaide en basque.

Tout part d'une recherche de son frère, Oihan Oliarj-Inès, musicien talentueux, qui cherche à créer de nouvelles harmonies autour des basahaide. La partie n'est pas gagnée[nbsp]: de rencontres avec les bergers, au creux des chemins, en discussions autour de la table avec des chanteurs traditionnels, on sent poindre beaucoup d'incrédulité. «[nbsp]A priori, je ne le conçois pas[nbsp]», lui confie l'un d'eux. Un autre lâche «[nbsp] si tu veux foutre la merde». Et pourtant...

Il faut dire que l'ancrage dans des siècles de tradition orale, de culture pastorale, est bel et bien puissant. «[nbsp]c'était un vécu qui chantait[nbsp]», «[nbsp]quand tu regardes le paysage, tu sais bien que ces chants ont été créés ici[nbsp]». La caméra nous le confirme[nbsp]: douceur des collines rabotées, vols d'aigles allant à la rencontre des envolées de notes, voix de bergers qui voudraient pousser la hauteur des chants plus haut que certains pics. Tout vient de temps immémoriaux, de rythmes intérieurs souletins.

Mais c'est la qualité d'écoute de Oihan, sa pugnacité, qui lui permet d'emmener ses collaborateurs bergers et musiciens un peu plus loin, comme on avance dans la nuit brumeuse, à la seule lumière des phares. Il finira par réunir une belle escouade de musiciens, les amenant jusqu'au concert final. Vibreront de nouvelles harmonies, autour de ceux qui lui ont offrent avec ferveur leurs basahaide. Des airs sauvages qui ne sont pas «[nbsp]enterrés vivants[nbsp]», comme nous le souffle un berger. L'entêtement doux va gagner sur la crainte des hommes de voir tanguer les lignes, bouger les montagnes. Doux, comme la caméra, qui effleure les fougères rousses, capture des éclats de soleil entre les branches, et finit par s'envoler avec les aigles. Beaux moments en vallée de Soule.