09 septembre 2024

Nouvelles tristes de Gaza, par le réalisateur Iyad Alasttal

Lors du dernier festival de Douarnenez, nous avons assisté à la projection des films de Iyad Allastal, réalisateur gazaoui, exilé en France avec sa famille depuis quelques mois. Nous sommes en discussion avec lui pour mettre quelques-uns de ses films de la série Gaza stories en lligne sur BED. Une façon de rendre hommage à tous ceux qui filment et se battent pour une Palestine de la jeunesse, de la culture : Iyad filme de jeunes ballerines, des musiciens, des slameurs, des jeunes passionnés de skate, des petites filles qui rêvent tous les jours ...  

Mais parfois la colère déborde. C'est dans le texte ci-dessous, alors que Iyad découvre sa maison familiale entièrement dévastée. A lire en pensant à ce que le mot solidarité devrait signifier ? 

Merci à Jeanne Gaggini, passeuse, et au Festival de Douarnenez pour continuer à programmer sur la Palestine. 

 

Ce matin 30/08/24
Une maison, ce n'est pas que de pierres.

Depuis bientôt un an, le 3 décembre 2023 l'armée israélienne a donné ordre d'évacuation de ma ville Khan Younès, c'est là-bas où je suis né et grandis.
Avant de quitter la Bande de Gaza le 13 février 2024, j'ai vécu le déchirement du déplacement forcé dans le sud de la Bande de Gaza, entre la ville de Rafah chez des amis et la zone humanitaire Al-Mawassi à l'ouest de de Khan Younès où je suis resté avec ma famille…
J'ai pu quitter Gaza pour venir en France pour rejoindre ma femme et mes trois filles, en laissant derrière moi sous les tentes et dans des conditions de misère, ma mère, mes frères, mes sœurs et leurs enfants.
En avril 2024 l'armée israélienne a terminé son opération militaire dans ma ville en laissant derrière lui l'odeur de la mort et de la destruction. 
Comme beaucoup de familles palestiniennes dont la mienne, elles avaient l'espoir d'y retourner chez elles, pour découvrir l'état de leurs abris.
Beaucoup d'entre elles étaient choquée car leurs maisons étaient totalement bombardées, heureusement que la nôtre était encore un peu vivable, il n'y avait que mon appartement au dernier étage qui a été bombardée. Avec ma femme et mes trois filles nous étions choqués, mes frères et ma mère nous ont donner le soutien et nous encouragé qu'ils vont tout réparer quand la guerre sera finie.
Il y a 3 semaines l'armée israélienne renvoie de nouveau un ordre d'évacuation, ma famille est épuisée de déplacement et de vivre de nouveau sous les tentes dans des conditions dégradées, mais il n'y avait plus de choix que de partir et d'accepter l'ordre israélien.
Ma famille a quitté la maison en vitesse, sans prendre avec elle leurs affaires, elle a pensé que ça ira, et qu'il n'aura plus d'endommagement comme la première fois et que cette opération ne va pas durer pour longtemps. Pendant 22 jours l'armée était basée à Khan Younes et toute la zone menacée dont mon quartier, mais personne ne savait ce que ce ne passe ni l'état des abris.
Ce matin 30.08.2024 l'armée la plus moral dans le monde, l'armée israélienne est retirée de la ville, malheureusement la destruction était plus présent qu'avant, mais loin notre maison et celles de mes oncles et de mes tantes était encore debout, il y encore l'espoir.
En approchant de la maison, mes frères découvrent le choc, une maison -la notre- n'est plus vivable.
Volontairement l'armée israélienne a bombardé l'escalier de la maison de 3 étages, en plus elle a grignoté avec ses bulldozers le première et le deuxième étage de la maison. Tous les appartements de notre maison sont détruits dedans, les affaires, les meubles et équipements de la maison sont mélangé dans la destruction, il n'y a rien exploitable.
C'est la maison, où vivent 20 nouveaux et nièces, où ma soeur, mes frères et moi avons fondé des petites familles, là où nous avons fait l'adieu de mon père en 2021, là où ma mère a consacré toute sa vie pour nous faire grandir et a pris soin de nous… J'ai la nostalgie du café de ma mère.
Une maison, n'est pas que de pierres, car c'est là-bas nous avons vécus notre enfance précaire et là-bas nous avons pu surmonter tous les défis pour franchir l'avenir. 
Une maison, c'est nos souvenirs avec les parents, avec ma femme, avec mes frères, mes sœurs et les petits enfants. 
Je pelure cette maison car c’était l'investissement de mon père, de ma soeur, de mes frères et moi, pour pouvoir faire de belles familles rêvées d'une future sûr.
J'ai pleuré cette maison parce que je suis loin de lui, car depuis ce matin il n'aura plus d'ambiance, ni de sourire, ni de souvenir la volonté de la haine militaire est plus fort que la volonté de la Paix.