30 juillet 2024

Collectif Cinéma et mémoire, en Algérie : précieux et inspirant.

Nous vous offrons cet été six regards sur l'Algérie des dix dernières années, grâce à six réalisatrices et réalisateurs, tous formés par le Collectif Cinéma Mémoire, sous la houlette de Habiba Djahnine, dont nous avions fait le portrait en 2014, il y a dix ans déjà. Depuis, Habiba n'a cessé d'innover et de penser la création algérienne avec d'autres. Une création se devant d'être exigeante, indépendante, pérenne.

Ils vont créer en 2007 le collectif algérien Cinéma Mémoire. Né dans le sillage des Rencontres documentaires de Béjaïa, ce collectif a pour credo d'accompagner par ses actions les changements de la société algérienne. Nous y revenons un peu plus loin.


 

Mettons un instant nos pas dans ceux des six court-métrages proposés ici. C'est le monde du travail en Algérie qui se dévoile sous nos yeux : Les pêcheurs de sable montre une économie parallèle, fragile et dangereuse. Notre défi nous permet de nous introduire dans un centre psycho-pédagogique, aux côté des enfants et des profesionnel.les. Nous faisons la connaissance de Fatah, qui concilie son métier de plâtrier avec son statut de poète. Poètes, ce sont aussi les femmes bergères de Kabylie, que Sonia At Qasi-Kessi nous permet d'approcher de très près dans Nnuba. Plusieurs facettes, magnifiquement filmées, d'une communauté pastorale de montagne. Llhavs amokrane nous emmène auprès de chômeurs kabyles, jamais résignés ni fatalistes. C'est une immense énergie de vivre qui est distillée au fil de ces courts, alors qu'émerge sous nos yeux un système économique et politique à bout de course. Le dernier court, Mémoires d'un boycott, revient sur une lutte pour la reconnaissance de la langue berbère, en 1994.


 

Tous les objectifs du Collectif sont là : filmer, questionner, documenter et agir sur le terrain de la création artistique. Les images permettent de questionner le passé, d'investir le présent.

« Le cinéma, et en particulier le documentaire de création, est le miroir d’un pays. Il peut aider, pour peu qu'on s'y intéresse, à construire une mémoire, à prendre conscience des identités multiples de ce pays. C'est aussi une façon de développer un esprit critique et de construire un regard sur soi. »


 

Le collectif a initié et encadré des ateliers professionnels, formations destinées à des candidat.e.s de toutes les régions d’Algérie. D'autres volets se sont développés : faire connaître les métiers du cinéma, encourager la création de ciné́-clubs en milieu associatif et scolaire à travers tout le territoire.


 

À ce jour, ce sont plus de 50 courts métrages documentaires qui ont été réalisés par des Algériennes et Algériens débutant.e.s. En appui, des projections de films ont suscité débats et réflexions. Tout ces moments ont pu être captés, et constituent les archives propres à Cinéma Mémoire. Ce fonds contient donc les films, leurs rushes, des enregistrements visuels et sonores, des master class avec des aîné.es, ainsi que des contributions du collectif. Une revue de réflexion cinématographique en ligne est également expérimentée depuis Juin 2024.


 

Précieux, formateur, et inspirant.